13/06/2025 dedefensa.org  9min #281022

 Genèse de la pensée unique

Lisez, que diable ! Ou bien cessez de gémir

 Journal dde.crisis de Philippe Grasset 

13-06-2025 (14H15) - Je vous le confie : ce texte de commentaire que vous lisez m'a rendu fou à cause des innombrables fonction de 'Words' qui, manipulées par hasard, m'ont fait perdre un texte initial, totalement perdu, nullement retrouvé, insulté, conchié, abandonné et bientôt enfui dans la même grandiose merde progressiste que représente notre époque. Ainsi commence cette lecture encourageante, que les quatre-cinquièmes des derniers lecteurs qui nous restent ne liront certainement pas dans sa totalité, - sans que je puisse le leur reprocher.

Vous, lecteurs impatients et avides de savoir, inutile d'attendre ! Partez, allez aux autres sites qui vous élèvent l'esprit jusqu'à constater qu'au-dehors des gouttes qui strient la vitre, - "donc il pleut", - des bombes (si possible israéliennes) qui pleuvent, - "donc il brûle", - et jusqu'au brillantissime sénateur Lindsey Graham, l'insupportable crétin du Sénat jubilant jusqu'à mouiller incontinent sa culotte, et donc il brûle en-dehors du charme envoûtant des bombes insraéliennes, vous dites-vous, et ainsi de suite...

Allez, précipitez-vous donc pour savoir ce que demain vous aurez oublié, sinon la marque de l'infamie en courageuse expansion de ce simulacre d'État qu'on nomme Israël. Les Américains applaudissent, avec près de 50 ans d'illégalité terroriste derrière eux, déjà annoncé par un coup d'État vingt cinq ans plus tôit (1953) où l'on trouvait la marque de l'ineffable MI6... Tout ça, on connait, nous continuons à glisser de savon mouillé en savons mouillé jour après jour, que nous oublions tout aussitôt ou que nous aurons oublié demain, et, sans savoir ni pourquoi, ni jusqu'où, nous continuerons et recommencerons !

Tout cela pour vous dire par un incroyable parcours kafkaïen que le texte que je vous propose n'est pas facile, mais pas facile du tout : rien d'un savon mouillé et qui glisse... Illisible en un sens pour le commun de nous autres, avec phrase à relire cinq fois pour vous y retrouver, un dictionnaire et le site 'synonymo' à portée de mains.

Note De PhG-Bis : « Il faut dire qu'avec PhG, vous avec un esprit particulièrement vif, doté d'une mémoire turbo modèle-gruyère qui va tellement vite qu'elle vous échappe avant que le F-35 de combat bien connu et prestement nettoyé ait songé qu'on allait devoir allumer le moteur et faire chauffer l'arsenal aromatique pour mieux mettre en évidence que rien de tout cela ne marche... Mais laissons-le poursuivre... »

D'abord je vous dirais que le titre m'a aussitôt séduit : sec, coupant comme une guillotine, allant en cinq mots à une proposition qui ne peut que séduire parce qu'elle détient le secret de notre catastrophe psychologique : « Genèse de la pensée unique ». Ce qui vous est proposé est le terrifiant imbroglio qui a préparé et précipité notre chavirage dans l'imbroglio maléfique de notre époque perdue dans le naufrage sans espoir de la civilisation qu'elle prétend représenter.

L'auteur, le guénonien Claude Bourrine, homme d'une érudition exceptionnelle, a décidé de reprendre cette triste histoire de la catastrophe d'un monde dès ses origines qui remontent à "L'Antiquité tardive". Lisez donc le paragraphe d'introduction : vous avez toute la complexité extrême de la folie naissante et la clarté aveuglante (les « mille soleils » et au-delà) de notre Chute.

« Il n'y eut plus de rire pour personne », annonce Procope de Césarée, marquant ainsi l'ouverture de la tragédie à côté de laquelle Wagner fait office de feuilletoniste de rencontre. Il s'agit de « la montée de l'intolérance », une marée qui n'a plus cessée de cette époque trouble et indéfinie de l'Antiquité tardive où Rome, le christianisme, le néoplatonisme, le paganisme, se croisent et se croisent encore dans des affrontements feutrés ou titanesques.

Je l'avoue, une fois de plus et sans fausse modestie ou gloire de l'autodictatisme, mon absence de culture ne cesse depuis des décennies de me stupéfier, jusqu'à des interrogations du type "Moi est un autre", voyez-vous ? Pourtant, je navigue avec délice dans ces houles puissantes de l'histoire du monde quand le monde n'est pas encore perdu. Je l'assure et le répète, rien d'une connaissance assurée, les diplômes n'en parlons pas, d'où l'on comprend que mon mépris si complet pour les classes dites intellectuelles ne m'a jamais quitté, même lorsqu'il me mettait dans des positions de solitude apparemment insupportables.

Alors, qu'est-ce qui m'a sauvé ? Rien puisque je n'ai jamais été sauvé, n'ayant jamais été perdu.J'ai progressé de lumière en lumière, remplissant les zones d'ombres comme je le pouvais. Ces lumières, certes, sont celles de l'intuition, et les zones d'ombre sont apprivoisées par le caractère qui est la clef de l'indépendance d'esprit et du courage, et dont  mon maître de rencontre disait :

«...[Monsieur de Talleyrand] dit alors une de ces choses qui ne sortent jamais de la mémoire quand on les a entendues ; "Je suis bien aise de vous communiquer une pensée qui est venue dans beaucoup de têtes mais que je n'ai vu bien nettement développée nulle part. Il y a trois choses nécessaires pour former un grand homme, d'abord la position sociale, une haute position ; ensuite la capacité et les qualités ; mais surtout et avant tout le caractère. C'est le caractère qui fait l'homme." Et il citait, poursuit-elle, à l'appui de son dire, tous les demi-dieux de l'histoire : Alexandre, César, Frédéric, et ajoutait : "Si un des pieds de ce trépied qui doit se maintenir par l'équilibre doit être plus faible que les deux autres, que ce ne soit pas le caractère... que ce ne soit pas le caractère !" »

Que vous dire d'autre ? Que j'ai rencontré dans ce texte quelques-unes de ces lumières qui me sont chères, sans que je sache un seul instant en développer l'argument scolaire... Plotin, le néoplatonisme, Pseudo-Denys, quelques autres que vous trouverez référencés dans divers textes de ce site, et par conséquent justifiés de l'importance intuitive considérable que je leur dédie, que je leur dois comme d'un don si précieux. Vous comprenez aussi bien que ces noms s'imposent évidemment dans la grande lignée des porteurs de la torche de la Tradition, et c'est ainsi qu'ils figurent dans mon esprit, comme irréfragables adversaires du poison de la modernité.

Pour le reste et pour ce que j'en ai saisi, ce texte, qui devrait être utilement complété par «  La malédiction papale: L'origine médiévale du syndrome occidental » de Laurent Guyenot qui donne la clef de l'hybris dément de la civilisation occidentale, - la « Genèse de la pensée unique » nous montre au fond comme l'Empire de Rome ne s'est jamais vraiment effondré, - jusqu'ici... Récupéré et monstrueusement défiguré par le christianisme qui se fit empire après avoir liquidé le paganisme et le néoplatonisme, c'est aujourd'hui qu'il connaît sa crise finale, au travers de la chute du christianisme de Rome, et avec quelques figurants de fortune comme les USA, - et quoi qu'il reste, par ailleurs, de branches plus saines (les orthodoxes) qui ont vécu et survécu à leur manière et échappent au tourbillon du naufrage.

« Polymnia Athanassiadi, professeur d'histoire ancienne à l'Université d'Athènes, spécialiste du platonisme tardif (le néoplatonisme) avait bousculé quelques certitudes, dans son ouvrage publié en 2006, "la lutte pour l'orthodoxie dans le platonisme tardif", en montrant que les structures de pensée dans l'Empire gréco-romain, dont l'aboutissement serait la suppression de toute possibilité discursive au sein de l'élite intellectuelle, étaient analogues chez les philosophes "païens" et les théologiens chrétiens. Cette osmose, à laquelle il était impossible d'échapper, se retrouve au niveau des structures politiques et administratives, avant et après Constantin. L'État "païen", selon Mme Athanassiadi, prépare l'État chrétien, et le contrôle total de la société, des corps et des esprits. C'est la thèse contenue dans une étude éditée en 2010, 'Vers la pensée unique. La montée de l'intolérance dans l'Antiquité tardive'. »

Pour résumer à la plus grande vitesse possible qui me permet d'éviter les inquisitions embarrassantes sur le droit que je me suis arrogé de parler ainsi de matière dont l'Université ne m'a jamais investi, je citerai un passage qui me semble bien venu, dans la partie conclusive de « La mise en perspective ». Si l'on cherche bien, - car qui cherche trouve !, c'est avéré par les chercheurs d'or, - on devrait découvrir les diverses voies de mes déplacements inattendus, ma façon de jouer avec un plaisir non dissimulés avec les paradoxes, les symboles, les apories, les paralogismes... Voilà donc le passage qui me semble bienvenu :

« Le caractère radical de l'arraisonnement de la société par l'État, sa mobilisation permanente en même temps que la mise à contribution des forces transcendantes, étaient certes contenus dans le sens pris par l'Histoire, mais il est certain que la spécificité du christianisme, issu d'une religion née dans les interstices de l'Occident et de l'Orient, vouée à une intériorisation et à une subjectivité exacerbées, dominée par un Dieu tout puissant, infini, dont la manifestation, incarnée bureaucratiquement par un organisme omniprésent, missionnaire, agressif et aguerri, avait une dimension historique, son individualisme et son pathos déséquilibré, la béance entre le très-haut et l'ici-bas, dans laquelle pouvait s'engouffrer toutes les potentialités humaines, dont les pires, était la forme adéquate pour que s'installât un appareil particulièrement soucieux de solliciter de près les corps et les âmes dans une logique totalitaire.

» La question de savoir si un empire plus équilibré eût été possible, par exemple sous une forme néoplatonicienne, n'est pas vaine, en regard des empires orientaux, qui trouvèrent un équilibre, un compromis entre les réquisits religieux, et l'expression politique légitime, entre la transcendance et l'immanence. Le néoplatonisme, trop intellectuel, trop ouvert à la recherche, finalement trop aristocratique, était démuni contre la fureur plébéienne du christianisme. L'intolérance due à l'exclusivisme dogmatique ne pouvait qu'engager l'Occident dans la voie des passions idéologiques, et dans une dynamique conflictuelle qui aboutirait à un monde moderne pourvu d'une puissance destructrice inédite. »

Le texte de Claude Bourrine sur la « Genèse de la pensée unique », venu de si loin et pourtant si actuel jusqu'à l'étouffement, se trouve sur ' euro-synergies.hautetfort.com'.

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